Dernièrement, le monde évangélique a perdu une de ses figures de proue en la personne de Billy Graham, décédé le 21 février dernier. Une personnalité qui était parfois considérée par d’aucuns comme le «pape des évangéliques». Sa renommée était telle que de nombreuses célébrités ont assisté à la cérémonie d’adieu pour lui rendre un dernier hommage. Au cours de cette cérémonie, un fait singulier a suscité un certain émoi. En effet, selon plusieurs sources médiatiques, Billy Graham aurait exprimé le désir que sa dépouille puisse reposer dans un cercueil fabriqué par un prisonnier.
Selon le média Info chrétienne, de nombreuses personnes ont demandé aux membres de la famille ce qui les avait poussés à confier cette tâche à un prisonnier qui travaille dans une menuiserie d’un établissement pénitentiaire. L’idée était venue de Billy Graham lui-même alors qu’il visitait la prison. Ce choix représentait la rédemption et le pardon auquel tout homme a accès en Jésus. Ce fut en quelque sorte sa dernière prédication. Comment comprendre ce choix?
Il est bon de nous rappeler aujourd’hui que la transmission de l’Évangile ne peut se contenter d’être véhiculée par le seul vecteur d’une simple proclamation à partir d’une tribune. Ce qui en fait sa force et sa singularité, c’est que l’Évangile se partage. Le coeur de l’Évangile, c’est aller vers son prochain, quel qu’il soit et où qu’il soit pour le rencontrer sur sa route. L’Évangile s’attache à écouter avec disponibilité et se partage avec sensibilité. L’Évangile se partage au travers d’une rencontre habitée par la grâce et l’amour du Père révélé par le Christ.
Récemment, au cours d’une visite effectuée auprès d’une personne en détention, cette dernière m’a rapporté les propos tenus par son enfant de cinq ans à son encontre. En effet, son enfant s’était approché de son papa en détention pour lui susurrer à l’oreille: «Tu es mon papa modèle!» Une telle expression résonne d’une manière particulière lorsqu’elle surgit en milieu carcéral.
Le papa n’en croyait pas ses oreilles et faillit s’étrangler. Ces propos tenus par son enfant lui semblaient incongrus et il s’est empressé de les rejeter du revers de la main. En effet, comment est-il possible qu’un papa en détention puisse être un modèle pour son enfant?
Après un temps de discussion, nous avons pu accueillir ensemble, avec émotion et fierté, l’expression de reconnaissance exprimée par son enfant. D’un enfant qui avait simplement besoin de rencontrer son papa. Si au premier abord, le statut de prisonnier n’exprime pas par définition la notion du «modèle type», la rencontre entre un enfant et son papa ou entre Billy Graham et une personne en détention, permet une compréhension augmentée de l’amour et de la grâce qu’il est possible de partager.